L’Héraldique pour structurer le royaume
Le 26 mars 1811, un Conseil d’État publie la Constitution royale qui proclame Christophe roi d’Haïti sous le nom d’Henry Ier. Son épouse, Marie-Louise, est la reine-consort. Jacques-Victor-Henry, prince royal, devient l’héritier du trône. Plusieurs édits structurent l’ordre social et politique de l’unique royaume d’Hayti. Le premier, daté du 5 avril, concerne l’établissement d’une noblesse héréditaire. Celui du 8 avril attribue à la nobilité des titres. Celui du 12 avril fixe des codes vestimentaires. Celui du 20 avril crée l’Ordre de Saint-Henry.
Le 15 avril 1811, un édit accorde des armes à chacun des quatre-vingt-sept nobles du royaume. Ce document, publié par l’Imprimeur du Roi, P. Roux, est donné au palais du Cap-Henry pour honorer les fidèles compagnons du roi. Les armoiries et leur motto - ou devise - y sont représentés. Et, à chaque modification, un nouvel édit paraît. Ainsi, en 1820, il y a cent trente-quatre personnes anoblies portant armoiries.
Fig 4 : Édit du roi qui décrète les ARMOIRIES des Nobles Créés par l’Édit du 20 présente Année. (1819)
Source : docdroid.net
L’Héraldique au royaume d’Henry Ier
Un corps de métiers
Le 2 juin 1811, six heures sonnent. Henry et Marie-Louise quittent leur palais capois pour se diriger vers le Champ de Mars. C’est jour de couronnement. À cheval, le roi d’armes, Pierre Martin, suivis de treize hérauts d’armes à pied, ouvre le cortège royal. Tous portent le tabard* brodé des armes d’Henry Ier. Leur mission est d’ouvrir la marche et de participer à la pompe cérémoniale.
À l’entrée de l’église, ces officiers royaux accueillent Leurs Majestés. À l’intérieur, ils sont à la porte du chœur et bordent les allées de la nef. Après le serment d’Henry Ier, Pierre Martin clame : Le très grand, très auguste roi HENRY, roi d'Hayti est couronné et intronisé. Vive le Roi ! Après la cérémonie, les hérauts d'armes jettent des pièces de monnaie aux habitants venus acclamer les souverains.
Fig. 5 : Exemple d’uniformes et insignes qui s’apparentent
au Code vestimentaire de Christophe décrit dans la GAZETTE ROYALE.
Source : collection du Mobilier national
Fig. 6: * « Le tabard, issu de l’époque
médiévale, est une tunique en dalmatique de velours richement brodé de fil d’or, avec frange et
glands or à torsades, doublée en taffetas, distinguée par des armes royales brodées dans le milieu. »
Source : collection du Mobilier national
Fig. 7: Les hérauts et le roi d’armes ont, sans doute, collaboré avec des
secrétaires du roi et écrivains du royaume pour la composition de l’Armorial. Par exemple, Julien Prévost, comte de Limonade ; Juste Chanlatte, comte de Roziers ; Le chevalier de Prézeau
Source : archive.org
Fig. 8: Signature. En 1811, au moment de la création de l’Armorial Général du Royaume d’Hayti, le travail de plasticien et de dessinateur est non signé.
Source : Kingdom of Objects
Armorial Général du Royaume d’Hayti
Depuis les années 1850, le College of Arms (Londres) a dans ses collections un manuscrit légué par James Pulman (1783-1859), Clarenceux roi d’armes. Le titre de l’ouvrage : Armorial Général du Royaume d’Hayti, cinq mots écrits en caractères de différentes tailles sur quatre lignes.
Le manuscrit présente quatre-vingt-onze (91) armoiries peintes à l’aquarelle. Occasionnellement, un pigment blanc est utilisé pour rehausser les dessins. Un fin trait d’encre noire tracé à la plume ou au crayon sert de délinéament aux formes colorées. Pour quatre-vingt-trois (83) des entrées, les héraldistes haïtiens ont utilisé du papier vergé filigrané blanc venu du comté de Kent (Angleterre). Seules la page titre et huit inscriptions sont sur du papier vélin. Une grande marge permet de coudre entre elles, avec cinq cordons en fibre de lin, toutes les feuilles. Le manuscrit est recouvert d’une reliure de peau de mouton.
L’Héraldique, une science et un art
L'héraldique est la science des blasons. Depuis le Moyen Âge, un langage graphique très codifié en définit les règles. Les héraldistes du royaume haïtien maîtrisent parfaitement les codes héraldiques et en respectent les normes.
Pour les Armes de la Capitale, les couleurs utilisées ou émaux regroupent le pourpre (violet foncé), et le sable (noir). Parmi les métaux, seul l’argent (blanc) est utilisé. Son blason est un rectangle avec les angles inférieurs - ou reins - arrondis. La bordure du bas se termine en accolade (petite pointe). La charge est meublée par un navire à voiles et une ligne côtière d’où surgissent des montagnes. Entre la pièce, la charge et l’écu se profile à l’horizon le Cap-Henry. Le ciel forme le champ du blason. Les éléments extérieurs au blason (ornements) représentent la couronne, deux tenants (Hercule) et la devise inscrite dans un listel.
Fig. 11a : Cours d’introduction à l’héraldique
Source : Forum - Cours d’introduction à l’héraldique