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Éducation

1904-1954 : Le Collège Notre-Dame du Perpétuel Secours (Mgr Jean-Marie Jan)

Il y a cinquante ans, le 11 avril 1904, au dernier trimestre de l’année scolaire, le Collège Notre-Dame du Perpétuel Secours ouvrait ses portes. Modeste institution qui comptait alors comme élèves ceux de l’école primaire dirigée par M. Edmond Étienne. Le directeur était le Père Brangoulo jusque-là vicaire à la cathédrale et son collaborateur M. Edmond Étienne.

Dans les années à venir, les élèves se multiplieront, les maîtres aussi; la maison ou se font les cours se transportera de la plaine au-dessus de la ville, symbole de l’ascension des esprits et des âmes opérée par la science qui élève et qui éclaire.

En fondant le Collège Notre-Dame du Perpétuel Secours, l’évêque du Cap, Mgr. Kersuzan réalisait un des grands rêves de sa vie épiscopale.

L’Église, maîtresse de science humaine en même temps que dépositaire de la révélation divine, a toujours apporté ses soins à l’enseignement non seulement par la prédication mais encore par l’enseignement.

La fondation d’un établissement secondaire chrétien permettait d’espérer à une échéance plus pou moins lointaine, les résultats les plus heureux sur l’esprit du public et par conséquent pour la vie religieuse du diocèse. La classe cultivée, la première bénéficiaire de cette éducation chrétienne ne manquerait pas d’exercer une influence bienfaisante sur toute la collectivité.

En 1904, le Collège ouvre ses portes dans une maison située au milieu de la ville, au rez-de-chaussée de la maison Behrman où se trouvait l’école Edmond Étienne. L’établissement occupera bientôt rez-de-chaussée et étage pendant vingt-quatre ans jusqu’en 1928, date où le nouveau local, sur le Morne Lory, est inauguré.

Quand je suis arrivé au Cap, en 1924, comme coadjuteur, vingt ans après la fondation, la maison était en pleine prospérité : quatre cents élèves, quinze à dix-huit professeurs, ecclésiastiques et laïques. La maison Behrman devenue Mompremier Gauthier était depuis longtemps insuffisante pour les besoins d’un établissement de cette importance.

Mgr. Kersuzan me donna comme consigne de pourvoir à l’établissement d’un local convenable, tout en me recommandant de ne pas arrêter mon choix sur le quartier « de la Ravine ».

Un jour, à pied, à travers les halliers et les raquettes, avec Mgr. Colcanap, je visitais les lieux; j’arpentais le terrain qui devait être l’emplacement du Collège. Arrivé au milieu d’un petit éperon qui divise le morne dans les directions nord et sud, au point précis où se trouve l’emplacement qui attend la future chapelle, mais alors couvert de lianes coupantes, je fis remarquer à mon compagnon combien la disposition des lieux pouvait convenir à notre dessein. Situation unique à mon sens. Devant nous, la ville en long et en large, dans toute sa splendeur; au-delà la mer scintillante sous le soleil de l’après-midi; au-delà encore, la plaine verdoyante; à l’horizon, les mornes qui s’estompent dans les nuages et la Citadelle qui se dresse superbe dans le ciel; tout près de nous, à nos pieds, du côté gauche, la déclivité broussailleuse qui pourrait accrocher les classes; du côté droit, le versant moins sauvage où peut-être nous pourrions caser maison d’habitation pour les Pères, maison des Sœurs, cuisine et dépendances. «Oui Mgr. me répondit mon compagnon, un beau rêve! »

Du rêve il s’agissait de faire une réalité; mais l’entreprise était ardue.

Avant de songer à des constructions, il fallait avec un terrain en déclivité qui n’était que trous et bosses, constituer des plateaux susceptibles de recevoir nos édifices.

Les travaux commencèrent à Pâques 1925, sous la direction de Père Le Breton. Je vois encore les incendies qui mettent le morne à nu et les équipes de terrassiers qui à coup de « piquois » , descendent les terres en avalanches pour former les terrasses sur lesquelles devaient s’élever les chantiers. Puis les pierres que l’on extrayait un peu partout dans le morne et que l’on descendait dans les ravines au grand risque d’écraser les premières maisons de la rue. Jamais le chantier ne connaîtra un entrain plus endiablé. À la fin de 1928 de grands résultats étaient acquis : la maison d’habitation des Pères, la maison des Sœurs, la cuisine, la baraque Bessonneau pour loger les classes, en attendant un local approprié. Après un an, cette baraque fut transformée en chapelle, aujourd’hui encore elle conserve la même affectation. Nos espérances étaient dépassées. Mgr. Kersuzan savourait l’une des plus douces joies de sa vieillesse. Son Collège se bâtissait.

Pendant les quinze ans qui ont suivi, des grandes améliorations ont été apportées. Construction du bâtiment des classes en 1929, acquisition des terres au sud, à l’ouest, à l’est et au nord, aménagement des terrasses et des chemins d’accès ainsi que de la cour, captation de la source Champigny pour le service de l’établissement. Depuis 1931, j’avais moi-même pris logement au Collège ayant la haute direction de tous ces travaux.

En 1941, trente-sept ans après l’ouverture du Collège, date pour date, 11 avril 1941, un incendie détruisit en quelques heures le magnifique bâtiment des classes construit en 1929. Dans la ville du Cap l’émotion fut vive mais plus ardente encore la volonté de réparer la catastrophe. En quelques semaines les listes de souscriptions lancées par les amis du Collège recueillaient les valeurs nécessaires pour les réparations. Huit mois après l’incendie, les cours ouvrirent comme à l’ordinaire dans les locaux renouvelés. Le cœur du Cap avec sa générosité traditionnelle avait permis cette merveilleuse rapidité d’exécution.

En octobre 1944, j’avais la joie de confier l’établissement à la Congrégation des Pères de Sainte-Croix, de la province de Montréal (sic). Et ce n’est pas sans émotion que je me rappelle l’arrivée, le 6 septembre, un jour consacré à Notre-Dame, sur la terrasse du morne Lory, des trois premiers professeurs, les Pères Beaudoin, Lecavalier, Duchesne…L’avenir de l’établissement était assuré.

Les tractations pour la passation du Collège à la Congrégation de Sainte-Croix s’étaient rapidement conclues entre le T.R.P. Cousineau, alors Supérieur de la Congrégation de Sainte-Croix et l’évêque du diocèse.

En 1954, le Collège a cinquante ans d’existence. Pendant ce demi-siècle, la maison a été dirigé par le clergé séculier diocésain pendant 40 ans, de 1904 à 1944 et depuis 1944 par les Pères de la Congrégation de Sainte-Croix, dix ans qui sont le gage d’un avenir de plus en plus fructueux.

Tous les bâtiments nécessaires à la bonne marche de l’établissement ne sont pas encore sortis de terre. D’autres regrettent en particulier l’absence d’une chapelle appropriée à l’importante maison dédiée à Notre-Dame du Perpétuel Secours. Le jour où elle s’élèvera au-dessus de la ville comme un phare spirituel, sera complètement réalisée la vision prophétique « du saint du Cap », Mgr. Kersuzan :

«Savez-vous ce que je rêve? Une image de Notre-Dame du Perpétuel Secours sur une des hauteurs qui dominent notre ville; nous n’avons pas de tuf mais les hauteurs ne nous manquent pas. Je voudrais une basilique pour abriter la sainte image mais je me contenterais d’une chapelle pourvu qu’elle soit belle. À coté je mettrais une cloche, une belle et vaillante cloche dont la voix de bronze se ferait entendre bien au loin; ce serait la voix de Marie, de Notre-Dame, de notre Mère conviant ses enfants à la prière. Je vous dis qu’il n’y aurait pas un mécréant à ne pas obéir à cette voix ».

S.E. Mgr. Jean-Marie Jan,le grand réalisateur du Collège actuel
Publié dans Le National, 16 mai 1954, p.7
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