Résumé : Les deux villes portuaires haïtiennes Cap-Haïtien et Jacmel ont bénéficié à peu d’années de distance d’un inventaire très complet du patrimoine bâti de leur centre historique qui permettent des comparaisons. Cap-Haitien, au nord de l’île au bord de l’Atlantique, fut pendant toute la période coloniale la principale et la plus riche cité des Antilles françaises, alors que Jacmel, au bord de la mer des Caraïbes au sud, demeurait un modeste comptoir, avant de connaître une période de gloire, après l’indépendance en devenant la capitale du café haïtien. À ces histoires singulières s’ajoutent des contextes géographiques spécifiques qui ont produit un urbanisme bien différent aux tracés viaires contrastés.
C’est également dans l’architecture de leurs édifices que les singularités des deux cités s’expriment : provenance et usage distincts des matériaux, composition du bâti, rapport à l’espace public et modèles architecturaux différents. Toutefois, depuis quelques années, une perception sans nuance du phénomène urbain haïtien et une architecture nouvelle s’installant en périphérie, mais remplaçant également en plein cœur des centres anciens les maisons traditionnelles menacent à terme les qualités patrimoniales et l’unicité de ces espaces urbains.
Selon les auteurs, le Cap-Haïtien est la première véritable ville fondée par les Français ; elle demeura la capitale et la plus grande ville du pays durant près d’un siècle et demi, véritable plaque tournante du commerce. Les bateaux y embarquaient le sucre, principale production, et déchargeaient les importations de la métropole. Surmontant les traumatismes climatiques récurrents et les incendies dus aux conflits successifs, elle s’est chaque fois reconstruite sur ses fondations, étendant son périmètre, mais conservant certaines de ses caractéristiques d’ancienne capitale coloniale. En 1995, l’État a ainsi décidé d’inscrire son remarquable centre ancien sur la liste du patrimoine national
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Quant à la petite cité de Jacmel connut, quant à elle, quelques décennies de véritables prospérités à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque son port devint la plaque tournante de l’exportation, principalement vers la France, du café produit sur les pentes de l’arrière-pays. Les riches négociants transformèrent le centre-ville en y construisant leurs entrepôts commerciaux et leurs résidences, pour lesquels ils importèrent de nombreux éléments architecturaux d’Europe ou des États-Unis. C’est ainsi que le cœur de la ville se trouva doté d’un patrimoine bâti exceptionnel, qui justifie que l’État haïtien ait fait figurer ce centre historique sur la liste indicative destinée à l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004.
Après un bref historique contextualisant la réalité haïtienne, les auteurs se sont attacher à présenter les histoires urbaines de Cap-Haïtien et de Jacmel, analyses rendues possibles grâce aux conclusions des deux inventaires conduits ces dernières années dans le cadre de coopérations avec la France. Dans l’article qui est mis en référence, les auteurs montrent ensuite comment certains traits communs cachent de nombreuses spécificités, à y regarder de plus près, qu’il s’agisse de l’histoire, des formes urbaines, du rôle politique social ou économique de ces deux villes, ou enfin de leur architecture et du cadre bâti.
Pour en savoir plus:
Consulter sur le site de Études caraibéennes « Cap-Haïtien versus Jacmel, essai sur la ville en Haïti »
Sources :
Isabelle Duhau et Jean Davoigneau, « Cap-Haïtien versus Jacmel, essai sur la ville en Haïti », Études caribéennes [En ligne], 39-40 | Avril-Août 2018, mis en ligne le 15 juillet 2018, consulté le 04 septembre 2019. URL : https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/12835 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.12835