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Le fonctionnement d’un centre de gestion des déchets

Les bonnes pratiques (Antonio Miguel)


Cet article est le troisième et dernier de la série que l’auteur a consacré à la gestion des déchets, un défi majeur pour le Cap de demain (note de la rédaction)

Dans le deuxième article :«Le choix d’un centre de gestion des déchets : Des éléments à considérer», nous avons indiqué que : «La décharge sert à confiner les déchets pour permettre leur transformation, leur récupération et leur réemploi et, à la limite, leur enfouissement.»

Toujours conscients de l’ensemble des éléments à prendre en charge par la ville et du manque de moyens dont elle dispose, nous allons aborder dans cet article le fonctionnement d’une décharge pour maximiser son rôle de stockage des déchets et réduire au minimum les problèmes environnementaux qui viendraient du lixiviat, du biogaz et du trafic routier.

Un centre de gestion des déchets fonctionne selon le modèle suivant:

  • A. L’acheminement des déchets vers le site de la décharge.
  • B. Le déchargement des déchets dans des endroits choisis au site.
  • C. La production, la surveillance et le traitement du lixiviat.
  • D. La production, la surveillance et le captage du biogaz.

Avant l’acheminement des déchets, la ville doit avoir choisi au préalable la méthode de collecte. Il peut s'agir d’une collecte en porte à porte ou d'une collecte collective à partir de points déterminés où les déchets seront déposés par les citoyens. Le citoyen sera informé du choix (porte à porte ou collectif), du mode de ramassage (types de récipients : sacs/seaux etc)) et de la journée.

A. L’acheminement des déchets vers le site de la décharge

L’acheminement des déchets se fera généralement par camions, brouettes, motocyclettes, etc. et selon un calendrier établi qui devra être rigoureusement respecté par chacun des secteurs de la ville. Cela sous-entend un trafic routier qui va entraîner des nuisances environnementales (bruit, dispersion de papiers, odeurs, vermines, etc.).  

B. Le déchargement des déchets dans des endroits choisis au site

À son arrivée, le camion sera dirigé, après vérification de son contenu, vers un endroit précis de la décharge (centre de tri /de compostage/ou d'enfouissement) pour déverser sa cargaison. Si la décharge dispose d'une balance, on pourra déterminer la quantité de déchets laissés, en procédant à la pesée du camion, à l'entrée et à la sortie. Des contenants bien identifiés peuvent être placés à l’entrée du site pour recueillir les déchets des petits transporteurs (bicyclettes/brouettes). Autant que faire se peut, la décharge sera dotée de deux tracteurs à rétrocaveuse pour faciliter le déchargement et compacter les déchets de façon à diminuer leur volume et empêcher le papier et le plastique de s’envoler dans les environnements.

C. La production, la surveillance et le traitement du lixiviat

Ce jus de déchets, concentré en métaux lourds et en substances nocives, ne pourra être rejeté dans la nature sans avoir été traité. Il existe plusieurs types de traitement. Nous recommandons le traitement par lagunage selon lequel «l’eau s’en va dans de simples bassins, fabriqués en terre, creusés à même le sol. Dans ces bassins, le fonds doit être étanche pour la protection de la nappe et la hauteur maximale de l’eau est de 1,5 m. Le traitement par oxygénation se fera par le contact de l’air et par les algues qui produisent de l’oxygène par photosynthèse. Après un temps de séjour approximatif de 40 jours, si l’eau atteint une qualité acceptable elle pourra être rejetée dans la nature, sinon, elle sera transférée dans un autre bassin placé en série pour un traitement supplémentaire jusqu'à ce que sa qualité soit jugée conforme.

N.B. L’emplacement des lagunes, leur nombre, les dimensions, la captation du lixiviat, l’écoulement et l’acheminement vers les lagunes devraient si possible être déterminés par un hydrogéologue ou un technicien expérimenté en traitement des eaux .

D. La production, la surveillance et le captage du biogaz

Dans les cellules (casiers de confinement) où se trouvent entassés les déchets compactés, un système de captage du biogaz devrait être installé. Le biogaz capté pourrait ainsi être envoyé vers un alternateur pour produire de l’électricité. À la limite, il peut être brûlé dans des torchères et, ce, malgré les nuisances environnementales (rejet dans l’air de fumées nocives).

N.B Le système ne peut être conçu et mis en service sans l’agrément d’un ingénieur spécialisé. Les employés appelés à travailler dans le système doivent recevoir une formation appropriée.

En résumé pour le fonctionnement (minimal) d’un centre de gestion des déchets, et ce, de façon approximative, il nous faut :

  • Un (1) employé à la balance ou à l’entrée pour recevoir les transporteurs, les questionner sur la nature du chargement, peser les camions (si possible) et les diriger dans le site.

  • Cinq (5) employés pour :
    1. trier les déchets;
    2. surveiller le compost;
    3. surveiller le recyclage et la récupération;
    4. surveiller les clôtures, les lagunes, le biogaz et assurer le respect des normes de sécurité;
    5. établir un calendrier d’entretien préventif pour s’assurer du bon fonctionnement de la machinerie et des appareils.

  • Deux (2) chauffeurs de rétrocaveuse pour :
    1. transporter, pousser les déchets vers les endroits désignés;
    2. tasser les déchets dans les cellules afin d'en diminuer leur volume et d'empêcher l’envol de certains produits dans la nature environnante.

Notes

  • Les rétrocaveuses devraient être munies de pneus pleins pour prévenir les crevaisons.
  • Deux (2) tricycles, à pneus pleins, seraient nécessaires pour faciliter les déplacements à l’intérieur de la décharge.

P.S. Cet article, au même titre que les deux articles précédents, ne vise qu'à amener des éléments de réflexion et mousser la discussion sur de meilleures façons de protéger l’environnement pour le bien-être des Capois et Capoises et de tous mes compatriotes.

Pour en savoir un peu plus long sur le fonctionnement de la décharge :

1- Gouvernement du Québec, ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles. 2020.

2-Chevalier, P .et Collaborateurs. Technologies d’assainissement et prévention de la pollution. Presses de l’Université du Québec, 1995.

3- Marc J. Olivier. Gestion des matières résiduelles au Québec. Les Productions Jacques Bernier Enr. 2003.

4-Bruno Landry. Génie et Environnement. Les Éditions Le Griffon d’argile. 1997.

5-Bliefert & Perraud. Chimie de l’environnement : air,eau,sol,déchets. De Boeck diffusion s.a., 2003 .

6- Gouvernement du Québec, ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Direction des politiques du secteur municipal –Service de l’expertise technique en eau. Guide pour l’étude des technologies conventionnelles de traitement des eaux usées d’origine domestique. 2001.

Source : Antonio Miguel, février 2021.

Note de la rédaction:

Voir aussi : Quand le low-tech fait ses preuves : la gestion des déchets dans les pays du sud