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Défis du Cap

Le choix d’un centre de gestion des déchets : éléments à considérer (Antonio Miguel)

Dans le texte « Amélioration de l’assainissement : gestion des déchets », nous avions fait ressortir le besoin urgent pour la ville du Cap-Haitien d'avoir une décharge pour les déchets non organiques, qui pourrait, en cas d’extrême nécessité, recueillir le surplus des déchets compostables.

En dépit du peu de moyens dont elle dispose, la Ville se doit de respecter un ensemble de critères bien précis quant à l'aménagement d'une telle décharge, où les déchets de toutes sortes seront entassés sur le sol ou dans le sol. Elle ne doit pas perdre de vue les finalités d'un bon centre de stockage de déchets solides, à savoir :

  • Permettre leur transformation (compostage) ;
  • Permettre leur récupération et réutilisation (ramassage du verre, du plastique, du métal) ;
  • Permettre leur enfouissement (enterrement des déchets) ;
  • Permettre leur surveillance/tri (vérification de la compatibilité des déchets pour éviter les réactions chimiques violentes pouvant causer des catastrophes environnementales telles que incendies/ explosions/émissions de gaz nocifs).

Cependant, il convient de noter que toute décharge cause certaines nuisances qui peuvent constituer un danger pour la santé publique ou une menace pour l’environnement. Certaines sont visibles : prolifération de vermines, grande présence d’oiseaux, odeurs nauséabondes, dispersion de particules de toutes sortes par le vent, etc. D’autres ne sont pas visibles, tout en étant très nocives : contamination des eaux et de l'air par production de lixiviat et de biogaz.

Le «lixiviat» ou jus des déchets entassés, c’est la fraction liquide produite par les déchets sous l’action conjuguée de l’eau de pluie et de la fermentation naturelle. Ce liquide peut contaminer la nappe phréatique ou toute eau de surface proche de la décharge. Le lixiviat a une odeur nauséabonde qui pourrait incommoder le voisinage. Pour cela, il doit être contenu et capté avec des pompes pour être traité.

Le «biogaz», c'est le méthane produit par la décomposition des déchets entassés. Ce gaz peut provoquer des incendies ou des explosions. Quand les déchets sont brûlés, on ne fait que déplacer le problème en polluant l’atmosphère. Cette pollution atmosphérique peut provoquer de graves problèmes respiratoires pour certains citoyens. Pour cela, le biogaz doit être capté, évacué, brûlé, ou à la limite utilisé pour produire de l’électricité.

Le choix d’une décharge exige de tenir compte de certaines conditions, par exemple :

  • Interdire d’aménager une décharge sur un terrain au-dessous duquel se trouve une nappe phréatique.
  • Respecter une certaine distance entre la décharge et toute prise d’eau de source d’approvisionnement.
  • Interdire d’aménager une décharge dans une zone inondable.
  • S’assurer d’avoir une zone tampon d’une certaine largeur pour préserver l’isolement de la décharge et en atténuer les nuisances. (ex : planter des arbres tout autour)
  • S’assurer de l’étanchéité de la décharge de manière à empêcher le lixiviat de contaminer l’eau de surface, l’eau souterraine et le sol. Pour contenir le lixiviat et ainsi limiter les dégâts, il importe de :
    • choisir un terrain ayant un sol épais et de nature argileuse;
    • interdire d’enfouir des déchets dans un sol très perméable ou dans lequel la nappe est proche de la surface;
    • mettre en place des membranes synthétiques d’étanchéité (membranes géosynthétiques/géomembranes, etc.), si le sol idéal(ex :sol argileux) n’est pas disponible.

Enfin, le choix judicieux du site d'une décharge doit se fonder sur des études hydrogéologiques (qualité, quantité et écoulement de l’eau) ainsi que sur des études géomorphologiques (qualité du sol - argileux, sablonneux, etc). Cela permettra de réduire au maximum les émissions dans l’air, le sol et la nappe phréatique.

Nous serons ainsi en mesure d’assurer une meilleure gestion de la décharge.

Références:

Pour en savoir un peu plus long sur la décharge :

1- Gouvernement du Québec. Ministère de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques, Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles. 2020.

2- P. Chevalier et Collaborateurs. Technologies d’assainissement et prévention de la pollution. Presses de l’Université du Québec. 1995.

3- Marc J. Olivier. Gestion des matières résiduelles au Québec. Les Productions Jacques Bernier Enr. 2003.

4- Bruno Landry. Génie et Environnement. Les Éditions Le Griffon d’argile. 1997.

5- Bliefert & Perraud. Chimie de l’environnement : air, eau, sol, déchets. De Boeck diffusion S.A., 2003.

Source : J. M. Antonio Miguel, Gatineau, Québec 2020.
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