Dans le village serein de Sainte-Suzanne, dans la section communale de Foulon, dans le département du Nord-Est d'Haïti, se trouve un trésor caché qui murmure les histoires d'une civilisation disparue. Ainsi, tout au long de la rivière, à proximité de l'habitation Gomez, des écritures gravées sur des grosses pierres qui témoignent du passage des Taïnos (Indiens d’Amérique) dans la zone.
La commune de Sainte Suzanne est située dans l'arrondissement de Trou du Nord dans le département de Nord-Est. Sainte-Suzanne est accessible en une heure de route environ du Cap-Haïtien (à 37 km), en 40 minutes de route de Fort-Liberté (28 km).
C'est un endroit verdoyant qui organise, les 10-11 août, une des plus belles fêtes patronales du Grand-Nord.
La civilisation Taïno, aujourd’hui disparue en Haïti, y a laissé de nombreuses traces, dans les rivières et les grottes ainsi que de nombreux artefacts témoignant d’un art très abouti.
Pour visiter ce site, dit site Gervais, il faut partir de la chute de Babichonne, la chute de Caracol pour aboutir à cet endroit regorgeant de pierres utilisées par les Indiens ainsi que des pierres taillées laissées par ces personnages de l'histoire.
Qu'est-ce qu'un pétroglyphe?
Un pétroglyphe est un dessin symbolique gravé sur de la pierre (surface rocheuse à l'état naturel) et fait donc partie de l'art rupestre. Le terme provient des mots en grec ancien πέτρος, pétros (« pierre ») et γλυφή, gluphḗ (« gravure »).
Qu'en est-il des pétroglyphes de Sainte Suzanne?
Les pétroglyphes taïnos ont été découverts par un ancien CASEC de la 2ème section communale de Foulon, nommé Alcide Hilaire, il y a quelques années, constituent un patrimoine préhistorique et archéologique, une richesse culturelle qui fait la fierté de toute la zone.
Ces pétroglyphes gravés sur des roches ou ròch tanpe en créole, les rivières et les grottes de la commune de Sainte-Suzanne, ainsi que de nombreux artefacts, offrent un voyage instantané dans le passé lointain de l’île que les Taïnos nommaient Ayiti. Le site Gervais est facilement accessible depuis le village de Sainte-Suzanne par un sentier serpentant dans la campagne verdoyante au milieu des arbres fruitiers (15 min de marche). On atteint le lit de la rivière Saint-Martin qui est parsemé de gros rochers. Ces écritures pariétales qui s’étalent sur environ cinq mètres de long sur des roches de couleur mauve longeant la rivière Saint-Martin ont été gravés il y a plus de 1000 ans.
Millénaires, ces anciennes gravures témoignent de l'expression artistique complexe des Taïnos et de leur lien profond avec leur environnement. Éparpillés dans un canyon luxuriant, les pétroglyphes représentent un éventail captivant de formes, allant de figures humaines et d'animaux à des symboles abstraits. Ils évoquent les croyances spirituelles des Tainos et leur lien avec le monde surnaturel. Les animaux, tels que les tortues et les lézards, sont également très présents, reflétant la vénération des Taïnos pour le monde naturel.
Outre les représentations figuratives, les pétroglyphes présentent également divers motifs et symboles géométriques. Ces dessins avaient probablement une signification rituelle, servant de repères pour les espaces sacrés ou de forme de communication. La précision et l'habileté avec lesquelles les pétroglyphes ont été créés témoignent des capacités artistiques avancées des Tainos. Les pétroglyphes de Sainte-Suzanne ne sont pas seulement des vestiges d'un passé disparu. Ce sont des reliques vivantes qui continuent d'inspirer et de relier les gens à l'héritage de la civilisation Taïno. Des visiteurs du monde entier s'émerveillent devant ces gravures anciennes, émerveillés par leur beauté.
En 2009, une exposition de photos qui fit découvrir le site Gervais et retraçant la vie des Taïnos a été réalisée à la succursale du Nord, du musée de la Monnaie de la BRH. Les photos de Roxane Ledan, dite Taino-L, a permis de revivre une étape de la période précolombienne, nous plongeant dans cette lointaine histoire de l’île que les Taïnos nommaient « Ayiti ». Lors de cette exposition, Roxane Ledan a fait valoir que « Ce site n'est même pas répertorié par le ministère de la Culture et de la Communication, donc c'est un patrimoine égaré et perdu ». Renchérissant, l'historienne Odette Roy Fombrun met en garde les autorités responsables contre une éventuelle perte de ces sites à cause du pillage et du manque d'importance accordé à ces espaces que l'historienne qualifie de trésor et d'identité pour les patriotes de ce pays. Des visiteurs du monde entier s'émerveillent devant ces gravures anciennes, émerveillés par leur beauté.
Malheureusement malgré ces mises en garde, depuis des centaines d’années, ces pétroglyphes à ciel ouvert subissent un processus de dégradation constante et certains, ayant subi l’usure du temps et du climat, sont déjà moins visibles. Une protection de ces pétroglyphes contre les dégâts de l’eau de la rivière Saint-Martin, ainsi que l’usure du temps et du climat est plus que nécessaire.
Il revient aux ministères de la Culture et du Tourisme, l’ISPAN, les collectivités territoriales de Sainte-Suzanne, tous les Suzannais, tous les Suzannaises vivant dans le pays ou à l’étranger de jouer leur rôle dans la préservation du site de Foulon.
Pour les Haïtiens, les pétroglyphes sont une source de fierté et un rappel de leur riche patrimoine culturel. Les images représentées sur les roches racontent les croyances, les coutumes et la vie quotidienne de nos ancêtres, ce qui favorise un profond sentiment de connexion et de continuité.
>blockquote> Source : Compilation Tet Ansanm pou Okap
Références
1. Taino Museum - Taino Petroglyphs - Gorge of Foulon in Sainte-Suzanne, Haïti. "The Ancient Taíno people left…Petroglyphes, 2013.
2. Le Nouvelliste, 23 novembre 2009. Taïno L redonne vie à Ste-Suzanne.