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Valorisation de la Citadelle : analyse des possibles (Marie-Lucie Vendryes)

Cette conférence a été présentée dans le cadre du Colloque organisé par le Collectif Tous Ensemble, le 28 octobre 2023 et intitulé «Des patrimoines à valoriser et à protéger : le cas du Grand Nord d’Haïti».

L’article est illustré avec les splendides maquettes de la Place d'Armes du Cap-Haïtien et des édifices qui la bordent, réalisées par Guy Bernardin, qui y a consacré dix ans de sa vie.

En 2000, après une virée extrêmement décevante à la Citadelle Henry, je m’étais souvent projeté des images dont les séquences se dérouleraient dans ce lieu plein des promesses de 1804. Mes représentations mentales, traduites en mots, prirent plutôt la forme d’un texte condensé. Quelques années plus tard, au programme de maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine de l’Université d’État d’Haïti, je m’étais servie de ce papier pour illustrer un cours sur la mise en valeur d’objets patrimoniaux, de monuments et de sites historiques d’Haïti. Un des étudiants s'était même, quelques années plus tard, inspiré de ces propositions de valorisation de ce lieu hautement patrimonial qu’est la forteresse. Il en avait, bien sûr, élargi le propos et l’avait développé pour en faire le sujet de sa thèse de doctorat présentée à l’Université Laval de Québec en 2014. Plus récemment, un programme de la Banque Mondiale, Préservation du Patrimoine et Appui au Secteur Touristique (PAST), attribuait des fonds à l’État haïtien pour la mise en valeur et la gestion de l’entité Parc National Historique , formée de la Citadelle, du Palais Sans-Souci et du site des Ramiers (PNH-CSSR). En 2018, une Unité technique d’exécution (UTE) avait reçu le mandat d’effectuer un certain nombre d’études et de mettre à exécution ledit programme. Une Autorité de gestion du parc (AGP) devait, en fin de compte, assumer la pérennité de ces efforts. Malheureusement, juillet 2022 marqua la fin du mandat du PAST et de ses organes. Le dossier a donc été restitué à l’État qui l’a archivé.

Je reprends dans cette présentation les grandes lignes académiques évoquées en 2000 pour une mise en valeur de la Citadelle Henry. Des chiffres permettent de prime abord d’appréhender la structure du bâtiment.

Construction
1805 – jamais achevée mais inaugurée en 1816 par la princesse Françoise-Améthyste, fille aînée d’Henry
Architectes
Etienne Henry Barre et Henry Besse (sans certitude sur ces noms)
Lieu:
Bonnet à l’Évêque
Altitude:
849 mètres
Superficie:
10 000 mètres carrés
Murs de pierre:
5 mètres d’épaisseur (à la fondation)
42 m de hauteur (à la Bastion Coidavid)
Localisation:
Milot, 15 km au sud du Cap-Haïtien, département du Nord d’Haït
Élévation:
Sept (7) niveaux
Équipement:
360 pièces de canon, de mortier et d’obusiers
Localisation:
Milot, 15 km au sud du Cap-Haïtien, département du Nord d’Haït
Latitude:
19°34'23.59"N.
Longitude:
72°14'34.74"O (Google)
Séisme:
1842 – destruction partielle
Restauration:
1979 à 1990 – Travaux de l’ISPAN et de l’UNESCO
Inscription:
1982 - au patrimoine mondial de l’UNESCO (avec l’ensemble PNH-CSSR)
Classé par décret présidentiel:
1995 – comme Patrimoine national
Caractéristique particulière:
La Citadelle est la plus grande forteresse du continent américain.
La signification historique de la Citadelle Henry

En 1980, l’ISPAN publiait un article intitulé La Citadelle, le Palais Sans-Souci, le parc des Ramiers – Monuments à l’indépendance d’une nation et à la liberté de son peuple. L’éloquence des extraits ne laisse pas indifférents.

Saint-Domingue. Une histoire de Taïnos jadis décimés, de traite négrière et de colonisation où des Africains corvéables amenés comme du bétail dans les Amériques s’étaient dressés à Saint-Domingue, fusils à la main, contre un système inhumain. Ils en étaient sortis vainqueurs et proclamaient leur liberté le 23 novembre 1803.

Haïti indépendante. Dessalines, par ordonnance du 9 avril 1804, prescrivait aux généraux de l’Armée indigène, prescrivait aux généraux le 9 avril 1804 de construire des fortifications sur les plus hautes montagnes du pays pour repousser les Français si ceux-ci s’avisaient de revenir rétablir l’esclavage comme dans leurs autres colonies.

Le département du Nord. En 1805, le général Christophe entreprenait la construction de la Citadelle que Jacques I ne vit jamais puisqu’il avait été assassiné le 18 octobre 1806.

La célèbre forteresse n’a jamais servi aux fins pour lesquelles elle avait été édifiée. Ainsi, ni les 365 canons de bronze, ni les mortiers, ni les obusiers et autres bouches à feu n’ont eu à jouer leur rôle de défense de la nouvelle nation haïtienne. Les flottes françaises n’étaient pas revenues.

Maquette réalisée par Guy Bernardin
Comment définit-on la Citadelle ?

Elle est un monument historique reconnu pour sa signification dans l'histoire d’Haïti, pour son intérêt et ses enjeux mémoriels et patrimoniaux. Elle reste un chef-d’œuvre du génie militaire.

La Citadelle, à cause de sa signification et de son symbolisme, a :

  • Une valeur universelle exceptionnelle (VUE) puisqu’elle a été inscrite par l’UNESCO sur une liste mondiale de sites et de monuments à protéger. Et depuis janvier 1980, date à laquelle Haïti a ratifié la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, la Citadelle Henry fait partie du patrimoine mondial. (UNESCO Centre du patrimoine mondial - Décision - 34 COM 7B.110)

    N.B. Il est important de noter que la Décision 44 COM 7B.68 du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO dit du Parc national historique – Citadelle, Sans Souci, Ramiers (C 180) que « … l’État partie [se doit] de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points (ci-dessus) mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e session, en vue d’envisager, en l’absence de progrès significatifs dans la mise en œuvre de ces recommandations et en cas de péril prouvé pour la VUE, l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril. »

  • ·Un caractère transpatial et transtemporel qui fait d’elle un « common heritage », un patrimoine commun de l’humanité. Cette notion, malgré sa désuétude, renforce les principes de destination universelle de la Citadelle (UNESCO) et la nécessité du legs. La célèbre forteresse a été léguée par des générations précédentes et doit être transmise intacte aux générations à venir. (Le patrimoine: notion, composantes et caractères - A. Bamdé & J. Bourdoiseau (aurelienbamde.com).
  • Un statut public car le monument est un bien commun. Il appartient d’abord à tous les Haïtiens. Il est patrimoine national, ce qui le protège de tout aliénabilité.

Une fois ces caractéristiques établies, elles imposent dans leur essentialité des devoirs aux entités administratives du monument. Ces devoirs se nomment :

  • Préservation quand il s’agit de protéger le monument. La protection a recours à des formes de sauvegarde, à des techniques de mise à l’abri, à des pare-chocs contre tout ce qui est susceptible de dégrader le monument.
  • Conservation quand il est indispensable d’axer les efforts sur le maintien en bon état du bâtiment et de son environnement immédiat.
  • Gestion quand un État conscient des enjeux majeurs de ce patrimoine exceptionnel (La Citadelle Henry) crée des structures fonctionnelles capables de répondre aux nécessités de sa valorisation. (lescientifique.org ; UNESCO Centre du patrimoine mondial - Décision - 34 COM 7B.110 et Décision 44 COM 7B.68).
  • Valorisation quand une approche patrimoniale se matérialise dans la transformation de l’espace pour en faire une utilisation noble. La mise en valeur d’un monument historique est un processus qui permet de promouvoir ses caractéristiques culturelles, historiques, etc.

Ces brèves définitions conduisent à ce qu’on nomme dans le jargon muséologique l’interprétation. Pour valoriser, le développement d’un concept, sa définition juste, son inclusion dans un projet culturel large et sa mise en œuvre dans l’espace jettent les bases d’une fondation interprétative qui, à juste titre, donne de la valeur. Par ce biais, la Citadelle Henry tiendrait un discours significatif qui resterait gravé dans la mémoire de chaque visiteur.

L’interprétation

Est une doctrine liée à la visite d’un lieu, d’un monument, d’un site naturel… dans le but de permettre à un visiteur qui déambule dans ces espaces, accompagné d’un guide ou pas, de mieux comprendre sa propre histoire et son propre environnement.

Dans Interpreting our Heritage, ouvrage devenu une référence depuis 1957, Freeman Tilden donne les clés de l’interprétation. Selon lui, un visiteur n’est satisfait de sa visite que s’il s’abandonne à une certaine contemplation. Les seules informations techniques et scientifiques laconiques ne lui suffisent pas. Ses attentes ne seront comblées que si le sens caché des choses et de l’histoire lui est exposé et que si, in fine, les valeurs du site lui sont révélées.

Le potentiel d’interprétation de la Citadelle se situe à trois (3) niveaux plus un :

  • historique. En déambulant entre les murs de la forteresse, nous interpellent le pont levis, les appartements royaux, une place d’armes, les baraquements, les poudrières, les cachots, les magasins, les réservoirs d’eau, la tombe du roi, la salle souterraine du trésor, l’imprimerie, l’hôpital, les étables …, et bien sûr, cette galerie de canons, d’obusiers et de mortiers alignés.
  • naturel. Dotée d’un observatoire, la forteresse livre la beauté de l’environnement naturel du Bonnet à l’Évêque et du parc des Ramiers. Les belvédères permettent même d’observer les lieux de conquête du Nouveau Monde.

  • D’après Daniel Élie, la Citadelle est un belvédère perché sur plus de 500 ans d’histoire d’où on observe :


  • humain (social). Les villageois qui demeurent dans l’environnement immédiat de la forteresse sont des gardiens de traditions, ce qui fait d’eux des participants actifs du processus de mise en valeur de ce lieu historique auquel ils s’identifient. Aucun projet de cet ordre ne peut être réalisé sans leur inclusion et leur participation active (modernisation des demeures et leur transformation en petits gîtes de l’habitant, soutien inclusif aux petits boss et aux autres artisans et artistes, amélioration du transport, réhabilitation des chevaux ...)
  • Un quatrième point du potentiel interprétatif inclut le développement durable et l’inscription de l’écologie dans une perspective à long terme. Vigneron — Modification du travail de Vigneron. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sch%C3%A9ma_du_d%C3%A9veloppement_durable.svg, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=125147894
Les choix conceptuels d’interprétation

La signification du monument oriente les choix qui peuvent être adoptés pour développer un programme d’interprétation. Les choix s’offrent de présenter principalement la Citadelle Henry comme un :

  • Un lieu historique (« L’ordonnance impériale du 9 avril 1804 proclamée par l’empereur Jean-Jacques Dessalines recommandait aux généraux divisionnaires et aux commandants de département l'édification d'ouvrages fortifiés aux sommets des montagnes au-dessus des voies d'accès aux zones de repli à l'intérieur des terres. » Genèse de l'État haïtien (1804-1859) - Annexe I. Les fortifications, défense et patrimoine - Éditions de la Maison des sciences de l’homme (openedition.org).
  • Un site documentaire (la preuve historique de la maîtrise de savoir-faire modernes, de la (re)naissance d’êtres autrefois asservis, de l’émancipation d’un peuple désormais libre et indépendant est décrite et expliquée).
  • Un bâtiment représentatif d’une époque historique, mondiale ou nationale (i.e. « typification » des fortifications du début du 19e siècle dans le monde, existence d’une monarchie et d’un royaume « civilisé » au début du 19e siècle haïtien, etc.).
  • Une partie d’un ensemble esthétique, le PNH (présentation de l’originalité, de la monumentalité et de la beauté de la Citadelle dans ses structures et sa forme plantée dans le mitan d’une nature éblouissante).
  • Un musée qui a accumulé une collection d’objets destinés à faire la guerre, objets prélevés principalement des bateaux de l’expédition de l’armée napoléonienne vaincue (voir sur YouTube Citadelle-Musée, film de Daniel Élie paru en 2015).
Le concept d’interprétation

L’espace de l’environnement interprétatif est défini et c’est, dans cette réflexion, la seule Citadelle Henry dont la mise en valeur développe les aspects monumental, esthétique, historique, patrimonial, etc. Le concept d’interprétation de ce monument historique intègre trois éléments importants dans un parcours suggéré. Ce sont à proprement parler :

  • Le lieu patrimonial dont le statut de monument historique national est avéré.
  • Les visiteurs pour qui les valeurs sociales, culturelles et humaines se révèlent lors d’une expérience suscitant une réflexion, une prise de conscience, un renforcement identitaire et une volonté de contribuer à la préservation du monument. Il ne faut pas non plus oublier la dimension touristique du site mis en valeur.
  • Et enfin, les divers intervenants dont principalement les interprètes du patrimoine (guides-interprètes, guides-acteurs, associés au travail interprétatif que sont, par exemple, ceux qui font de l’histoire orale, et ceux qui s’engagent à faire la promotion de cet héritage national et international).

Les axes thématiques d’interprétation de la Citadelle

Les grands thèmes d’interprétation de la Citadelle se font alors in situ. Cette conceptualisation du travail d’interprétation vise des visiteurs venus dans l’enceinte du monument pour le découvrir. Bien sûr, cette découverte est faite par des agents spécialisés dans la vulgarisation de l’histoire. Ces derniers ont appris que, pour interpréter, il leur faut connaître les axes thématiques dont dix constituent déjà le fondement de leur travail d’interprétation. Les voici :

  • Le savoir-faire scientifique et technique d’architectes spécialisés du 19e siècle
  • La vie militaire au début du 19e siècle (i.e. l’artillerie)
  • Le lieu d’enfermement représenté par le cachot
  • Le lieu de survie guerrière de milliers de soldats engagés dans la défense du territoire (le quartier des officiers)
  • La nécessité d’une gestion quotidienne pour accommoder des milliers de personnes présentes sur les lieux (i.e. Palais des gouverneurs)
  • Les mythes et réalités charriés par le lieu (i.e. le trésor de la monarchie, la tombe du roi...)
  • Après l’Indépendance, l’importance de l’écrit dans une société de l’oralité héritée de l’esclavage
  • La représentation monarchique (i.e. batterie de la Reine, batterie Coidavid...)
  • Le lieu témoin de la fin d’un système esclavagiste et l’acquisition de la liberté dans un pays indépendant
  • Enfin, pourquoi ne pas conclure par un thème qui propose la forteresse, espace guerrier, comme un lieu de rassemblement et de réconciliation de tous les Haïtiens, un lieu qui fait la promotion de la paix dans un lieu construit pour faire la guerre.

Les thèmes sont, en général, déterminés par le discours qu’un gouvernement veut tenir auprès de sa population pour promouvoir ses idéaux. Il importe ainsi de veiller à la qualité de l'accueil et de la médiation culturelle en proposant des activités adaptées aux dits publics et en tenant compte de leurs attentes et de leurs besoins.

Les visiteurs

Prendre les visiteurs en charge dès leur arrivée marque le début du travail d’interprétation dont les axes se déroulent au fur et à mesure que ceux-là progressent dans leur découverte du monument. Un parcours interprétatif les plonge dans différents postes aménagés pour les recevoir. Par exemple, au troisième étage, à la Batterie Coidavid, les casernes peuvent être reconstituées pour témoigner de la vie des militaires de l’époque. Ou encore, à la Batterie de la Reine et la galerie des canons, des démonstrations militaires prêtent à la reproduction de gestes (re-enactment). À la Batterie Marie-Louise, les magasins et les citernes assurent la survie. La Batterie du Prince royal exhibe la vie carcérale avec ses fameux cachots. La salle du Trésor est le prétexte pour l’interprétation des questions administratives, économiques et financières de l’État et du royaume. Au Palais de la Citadelle, des personnages en costume d’époque sont présents dans des salles meublées à l’identique sur le mode des period rooms, etc. Il y a là tout ce qui suscite l’émotion et maintient un intérêt lors d’un apprentissage qui dépasse de simples phrases récitées pour seulement informer.

Ces propositions thématiques s’adressent à des catégories variées de visiteurs. Un programme d’interprétation dresse le profil des publics qu’il vise. Ces derniers peuvent être :

  • des scolaires et autres individus issus de lieux d’alphabétisation ou d’apprentissage technique (divers objectifs pédagogiques)
  • des touristes, spécialement ceux issus de la diaspora ainsi que ceux – locaux - venus des autres régions d’Haïti à la découverte de leur histoire et de leur identité (but identitaire)
  • des pèlerins annuels du jeudi saint ou de la semaine sainte (but culturel)
  • des visiteurs étrangers (but économique et de promotion de la culture et de l’histoire d’Haïti).

Les interprètes

Pour favoriser la découverte de l’histoire par les publics cibles, des acteurs et agents d’interprétation deviennent des passeurs de savoirs puisqu’ils auront reçu à cette fin une solide formation. Ces interprètes :

  • Font découvrir aux visiteurs par la théâtralisation ou de manière ludique, la beauté et la richesse du monument et des environnements naturel et bâti, en rappelant le courage de ceux qui en ont contribué à la construction.
  • Gardent vivante la mémoire par la reconstitution réelle ou virtuelle, de l'héritage inestimable légué par nos fiers ancêtres dont le courage et la détermination ont forgé l’identité et les valeurs haïtiennes.
  • Mettent à la disposition des visiteurs des reproductions et des reconstitutions témoignant de leurs savoirs et de leur savoir-faire en ayant le souci de transmettre des valeurs d'excellence, de compétence, de respect et d'équité.
Conclusion

Une question fondamentale se pose. À qui incombe la gérance de la Citadelle Henry ? Qui en fait la gestion considérée comme une des quatre tâches essentielles pour la survie du monument ? Les trois autres responsabilités d’une administration publique conséquente en sont la préservation, la conservation et la valorisation (interprétation) qui peuvent, à la rigueur, relever d’une responsabilité partagée. Mais, rappelons-le, l’important monument national historique haïtien, classé depuis 1982, est propriété de l’État haïtien. Il incombe naturellement à celui-ci de le gérer. Cela semble pour les différents gouvernements une tâche complexe puisqu’il faut à la fois rassembler différents acteurs (tels que des architectes, des restaurateurs, des muséologues, des muséographes, des sociologues, des archéologues, des ethnologues, des guides, des animateurs, des gardes de sécurité, des partenaires institutionnels et financiers, etc.) et aussi trouver les ressources financières pour la sauvegarde de notre inestimable patrimoine. Deux constats actuels : rassembler alors qu’il y a un vide politique incessant est impossible. Puis, intervenir rapidement auprès d’institutions publiques et privées pour respecter – ou faire respecter - les normes élémentaires de préservation, de conservation et de valorisation plonge dans un vide juridico-légal. Et les institutions publiques concernées, sans-le-sou, ont du mal à respecter – ou faire respecter - un cadre d’intervention juridico-légale. Elles n’arrivent donc pas à appliquer des normes élémentaires de préservation, de conservation et de valorisation de ce patrimoine.

Pour l’instant, la Citadelle Henry dépend d’une administration publique sclérosée et du bon vouloir de chaque présumé gestionnaire. Ce quasi-abandon ne peut en aucun cas assurer la pérennité du monument historique encore moins garantir la prise en charge et la sécurité de visiteurs venus de partout s’imprégner de l’esprit de 1804.

Marie-Lucie Vendryes

Références

Pour découvrir et visiter de chez vous la Citadelle Henry.

Daniel Prophete. La semiane sainte à la Citadelle. Quand la tradition fragilise le patrimoine.

Plongez dans une expérience immersive inédite, où le passé d’Haïti rencontre la technologie du futur. Bohio Ayiti est fier d’annoncer son partenariat avec Iconem, une entreprise pionnière dans la préservation du patrimoine mondial à travers des modèles 3D époustouflants. Cette équipe nous invite à découvrir les trésors cachés de l’histoire haïtienne, en commençant par l’emblématique Citadelle La Ferrière.