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Histoire

C'est arrivé un 15 Août ... (Compilation Tet Ansanm pou Okap)

Aujourd’hui, 15 Août 2023, nous soulignons la fête patronale de la ville du Cap-Haïtien mais aussi celle de plusieurs communes d'Haïti, telles la ville des Cayes, Ouanaminthe et Petit-Goâve. Cette date a marqué l’histoire du pays tout entier et aussi celle du Cap. Alors que la ville du Cap-Haïtien célèbre son 353 anniversaire, nous avons, à cette occasion, choisi de vous rappeler quelques-uns des 15 août marquants, faits historiques majeurs mais aussi faits amusants...

La Nuit de 14-15 Août 1791 : Bois Caïman

La nuit du 14 au 15 août 1791 est un tournant dans notre histoire mais aussi l’histoire de l’humanité. Cette nuit-là, de nombreux esclaves des grandes plantations sucrières du nord de Saint-Domingue (République d’Haïti) se réunirent au lieu-dit Bois Caïman sur la plantation Lenormand de Mézy et, pour se donner du courage, organisèrent une cérémonie vaudou au cours de laquelle les participants sacrifièrent un cochon noir et burent son sang. Cette cérémonie du Bois-Caïman est une réunion d'esclaves marrons que nous considérons comme l'acte fondateur de la révolution et de la guerre d'indépendance. C'est le premier grand soulèvement collectif en Haïti contre l'esclavage.

Pour illustrer la cérémonie du Bois Caïman, la toile d’Ernst Prophète a été choisi. Né à Terrier Rouge dans le nord d'Haïti, le 17 février 1950, Prophète a grandi au Cap Haïtien, dans le quartier appelé « Ciel des Obin », la région où vivaient Philomée Obin et sa famille. Ainsi, il a été exposé à de nombreux artistes et à leur travail au cours de ses années de formation, mais n'a pas commencé à peindre lui-même jusqu'à ce qu'il déménage à Port-au-Prince à la fin des années 1960 lorsqu'il a rejoint le Centre D'Art.




Cette prière aurait été prononcée :

Le dieu qui a créé la terre, qui a créé le soleil qui nous donne la lumière.
Le dieu qui détient les océans, qui assure le rugissement du tonnerre.
Dieu qui a des oreilles pour entendre : toi qui es caché dans les nuages, qui nous montre d’où nous sommes, tu vois que le blanc nous a fait souffrir.
Le Dieu de l’homme blanc lui demande de commettre des crimes.
Mais le Dieu à l’intérieur de nous veut que nous fassions le bien.
Notre dieu, qui est si bon, si juste, nous ordonne de nous venger de nos torts.
C’est lui qui dirigera nos armes et nous apportera la victoire.
C’est lui qui va nous aider.
Nous devrions tous rejeter l’image du dieu de l’homme blanc qui est si impitoyable.Écoutez la voix de la liberté qui chante dans tous nos cœurs !

Ensuite, les conjurés se séparèrent et ce qui était prévisible depuis que Richelieu, 149 ans plus tôt, avait officieusement autorisé l’esclavage, arriva.

Huit jours après la cérémonie, dans la nuit du 22 au 23 août 1791 (ou du 21 au 22 selon certaines versions) les esclaves des cinq plus grandes habitations de la région se soulevèrent. Au son du tambour et du lambi, ils brûlèrent plus de mille propriétés et, répondant à la terreur par la terreur, massacrèrent systématiquement tous les Européens qu’ils rencontrèrent, femmes et enfants compris. Les révolutionnaires, commandés par Dutty Boukman, secondé par Jean-François Papillon, Georges Biassou et Toussaint, progressèrent jusque vers le Cap où ils affrontèrent l’armée esclavagiste. Leur défaite ne fut que provisoire. Les troubles ne cessèrent pas. Et l’on peut considérer que la cérémonie du Bois Caïman marque la fin de l’esclavage en Haïti et peut-être de l’esclavage tout court.

15 Août 1820 : la crise d'apoplexie d'Henri 1er

Le 15 août 1820, le roi Henri 1er d'Haïti est paralysé par une attaque d'apoplexie lors d'une cérémonie religieuse à Limonade. Laissons Marie-Louise, reine d’Haïti nous raconter ce triste moment de la vie de son époux Henri-Christophe.

Au royaume du Nord d’Hayti, le 15 août 1820, le Roi m’avait lancé sur un ton teinté d’impatience, «si Sa Majesté veut fêter Notre-Dame, qu’elle me suive». Cette année-là, Sainte-Anne de Limonade avait évincé Notre-Dame de l’Assomption du Cap-Henry. La famille, les dignitaires et les autres nobles du royaume avaient tous été conviés à cette pérégrination. Le nouvel archevêque, Jean-de-Dieu Gonzalez, avait lu l’Évangile et prononçait son homélie.

Les yeux rivés sur le Roi, il découvrit avec stupeur que le monarque était en train de s’effondrer. Ahuri, le prélat donna l’alarme. Sans tarder, le baron de Pierre Poux aidé de quelques gardes transporta le malade au palais de Bellevue-le-Roi. Le docteur Turlin ne tarda pas à arriver. Il avait posé son diagnostic. Apoplexie.

Il avait commencé avec son équipe à faire les gestes qui éloignent le spectre de la mort. Mon époux avait eu la vie sauve. Mais les séquelles restaient. Le cerveau continuerait de fonctionner au ralenti et d’affecter son langage. Je n’avais jamais pu retrouver en lui l’homme avec lequel j’avais partagé mon bonheur et mes malheurs, mes gloires et mes humiliations. J’avais perdu ce compagnon vaillant, fougueux, passionné et ambitieux. À cinquante-trois ans, la paralysie le handicapait, le diminuait, le vieillissait, le rendait aigri et, par-dessus tout, l’humiliait. Henry Ier, le premier Roi des Haytiens, dégringolait la pente, nous entraînant dans sa chute, mes trois enfants et moi. Les célébrations, cette année, avaient toutes été annulées. Je n’avais plus jamais eu l’occasion d’assister à une messe en l’honneur de Notre-Dame de l’Assomption du Cap-Henry. (Extrait du livre de Marie-Lucie Vendryes. Marie-Louise, veuve Henry Christophe. Montréal, 2022. p.13.

Pendant ce temps à Port-au-Prince, toujours le 15 Août 1820, un incendie majeur détruit une partie importante de Port-au-Prince. Le feu éclate à midi dans l’oratoire d’une dame qui célébrait le fête de l’Assomption. Elle habitait à l’angle de la Grand-Rue et de la rue Bonne Foi. L’incendie ne tarda pas à se propager aidé par un vent d’Ouest. La moitié des rues Bonne Foi et des Miracles partent en fumée.

15 août 1911 : le début de la courte présidence de Cincinnatus Leconte

Le 15 août 1911, Cincinnatus Leconte commence son mandat à titre de président d’Haïti.

Né le 29 septembre 1854 à Saint-Michel de l'Attalaye et mort le 8 août 1912 à Port-au-Prince1, Cincinnatus Leconte est un militaire, homme politique qui fut président de la République du 14 août 1911 jusqu'à sa mort le 8 août 1912.

Officier, il étudia à l'Université de Mayence avant d'entamer une carrière politique. Dirigeant la plus grande des deux factions qui ont déclenché l’insurrection devant aboutir au départ du président Antoine Simon, le Général Cincinnatus Leconte, qui reçut un accueil triomphal à Port-au-Prince dix jours auparavant, le remporte sur son rival Anténor Firmin. Élu président, son mandat prend fin le 8 août 1912 par un terrible attentat perpétré par des opposants politiques.

15 août 1913 : L'inauguration des Casernes Dessalines

Le 15 août 1915, les Casernes Dessalines sont inaugurés.

Mises en chantier sous Cincinnatus Leconte, les Casernes Dessalines, à leur inauguration, devinrent les plus imposantes casernes du pays. « Le bâtiment principal mesure 121 mètres de long et celui d’aile 70 mètres. »




15 août 1934 : le départ du dernier contigent de marines

L'occupation d'Haïti par les États-Unis débuta le 28 juillet 1915 lorsque 330 Marines américains furent envoyés par le président américain Woodrow Wilson pour débarquer à Port-au-Prince, Haïti, afin d'y protéger les intérêts économiques américains. Un premier débarquement, à partir de l'USS Montana, avait déjà eu lieu le 27 janvier 1914.

L'occupation prit fin le 1er août 1934, lorsque le président Franklin Delano Roosevelt appliqua un accord de désengagement datant d'août 1933. Après avoir descendu, le 14 août 1934, le drapeau américain des casernes, le dernier contingent de Marines quitta le pays le 15 août 1934 après avoir formellement transféré l'autorité aux forces armées haïtiennes.

Le 21 août 1934, célébration officielle de la fin de l’occupation américaine: Avec le départ des dernières unités visibles de l’armée américaine une semaine plus tôt, l’occupation, après 19 ans, avait virtuellement prit fin. Le gouvernement Vincent célébra par une série de cérémonies et d’activités pour marquer l’événement.


Sur des notes moins sombres, concluons le rappel des 15 août.

15 août 1963 : La création de l'Orchestre Tropicana

Il y a 60 ans, le 15 août 1963, l'Orchestre Tropicana d'Haïti, un groupe musical était créé au Cap-Haïtien. Ce nouvel Orchestre est issu de l'Orchestre Caraïbes qui avait pris naissance à la fin des années 1950. En mars 1963, lors d'une réunion à laquelle assistèrent quelques musiciens et fans de Caraïbes au Yanvalou Night Club, Bazile Cobty eut l'idée de rebaptiser le groupe Orchestre Tropicana d'Haïti, nom tiré d'un night-club à Cuba que Cobty avait l'habitude de fréquenter.

La première répétition de l'Orchestre nouvellement formé a eu lieu le 24 mars 1963 dans une maison appartenant à Cobty. À cette époque, la musique française et la musique latine étaient très populaires en Haïti, et déjà dans le Nord, il y avait un autre groupe très influent, l'Orchestre Septentrional.

15 août 2019 : la mise en ligne de notre site

Le 15 août 2019, après des mois de travail acharné, dans le cadre des préparatifs des 350 ans du Cap-Haïtien, l'équipe de Tet Ansanm pou Okap lançait le site villeducaphaitien.com, faisant du Cap-Haïtien, la seule ville d'Haïti ayant un site dédié à son histoire, sa culture mais surtout son devenir. Aujourd'hui, 4 ans après le début de cette aventure que Tet Ansanm pou Okap envisgeait bien humble, le site a été visité plus de 555000 fois. Merci à tous ces internautes qui fidèlement visitent le site et n'hésitent à le faire connaître. Grâce à vous tous, Okap rayonne.

15 août 2020 : La ville du Cap-Haïtien fête ses 350 ans

Ce samedi 15 août 2020, les festivités avaient commencé avec un Te Deum célébré par l’archevêque du Cap-Haïtien, Launay Saturné. Plusieurs ministres du gouvernement, des Directeurs Généraux, des anciens parlementaires, des hauts gradés de la PNH, entre autres, y ont pris part.

Les rues sont bondées de piétons et de véhicules qui font le font le va-et-vient. Oui ! C’est la fête, « Plezi nèt al kole », les Capois et visiteurs n’ont pas fermé l’œil depuis 4 jours afin de participer aux diverses activités organisées pour marquer les 350 ans de la ville du Cap-Haïtien. Des foires du livre, d’artisanat et de gastronomie sont également organisées en vue d’inciter particulièrement les jeunes à découvrir la beauté de cette ville. La joie et la gaieté se lisent sur le visage des Capois qui ne se soucient guère de l’épidémie du Coronavirus. Nombreux sont ceux qui ne portent pas de cache-nez.


​Au terme de ce petit périple, nous souhaitons aujourd'hui à la ville du Cap-Haïtien, Bon 353e anniversaire!



Compilation Tet Ansanm pou Okap

Références

1. Marie-Lucie Vendryes. Marie-Louise, veuve Henry Christophe. Montréal, 2022. 270 p.

2. Tet Ansnm pou Okap. Pour en savoir plus long, voir aussi L’Orchestre Tropicana ou la Fusée d’or (Collectif Tet Ansanm pou Okap).

3. Le Cap-Haïtien célèbre grandiosement ses 350 ans.


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