- AU NOM DE LA SOCIÉTÉ LA PRÉVOYANCE - Mesdames, Messieurs, Parents éplorés,
Il est bien satisfaisant pour moi, d’être appelé à prendre la parole sur la tombe de notre regretté ami Louis ANDRÉ mieux connu sous le nom de Frè Louis. En le faisant, je ne viens non seulement remplir mon devoir d'or, mais payer
un juste tribut d'estime à l'homme qui avait toute ma sympathie en ce monde et dont j'ai su apprécier les heureuses qualités.
Calme, tranquille, maître de lui-même et pourtant tellement enthousiaste sur le terrain de l'administration, Frè Louis qui vient de partir ce mardi quinze du courant, laisse le souvenir d'un citoyen exemplaire et d'une loyauté à
toute épreuve dont la ville du Cap-Haïtien et ses parents, son épouse et ses amis se souviendront longtemps encore.
Magistrat communal depuis vingt ans près, il a doté notre chère Cité Christophienne d'une série d'œuvres valables telles que la Fondation Vincent, une vraie maison populaire d'éducation dans le temps, l'Asile communal « un Palais
pour les pauvres » comme l'avait si bien souligné le Président Sténio Vincent lors de son inauguration, le Parc Vincent, l'une des plus belles Places de la République dans le temps, l'Institut Anténor Firmin; il a aussi doté la Loge
l'Humanité No. 26 d'une magnifique bibliothèque, il a ouvert de nombreuses écoles à travers les sections rurales relevant du Cap-Haïtien et avec l'autonomie communale, il distribuait des subventions à toutes les écoles communales du
Cap-Haïtien; il a aussi dirigé comme conseiller et trésorier une société de bienfaisance dénommée "LA PRÉVOYANCE" que personnellement il a dirigé avec désintéressement pendant plus de quarante ans et au nom de laquelle j'ai l'honneur
de porter la parole.
Nommé en 1946, Préfet des Arrondissements du Cap-Haïtien, de la Grande-Rivière du Nord, du Limbé, de Plaisance et du Borgne, il s'est signalé par son sens du devoir et de l’honnêteté devenus assurément rares en notre époque troublée
par toutes sortes d'appétits inavouables... malheureusement il n'a passé que six mois. La plus belle image du Grand Magistrat Louis ANDRÉ sera sans conteste que jamais il ne transigea avec les principes de la morale, au point que
mis à la retraite, il rentra dans sa vie privée la tête haute, avec le sentiment d'avoir été utile à ses concitoyens, à son pays et à sa ville et au milieu de l'estime et de la considération générale.
Maintenant que Frè Louis n'est plus, physiquement du moins, le souvenir de ce qu'il fut durera, souvenir respectueux pour ceux qui avaient appris à l’admirer et à l'aimer. Du fond de sa tombe, il dictera encore son exemple qui sera
suivi, parce que pour le défunt, notre Cap-Haïtien chéri n'était qu'un modèle réduit de notre grande Patrie; il sera suivi par ceux qui croient encore dans les possibilités de régénération totale du pays. Adieu Frè Louis, que la
terre vous soit légère...
Prudent HYPPOLITE
Extrait du journal, Le Septentrion, lundi 28 avril 1980, p. 3.